BILAN
Un bilan s'impose! Encore une fois, seule la vérité importe. Il nous faut voir les choses telles qu'elles sont. Il nous faut affronter la réalité BRUTE pour avoir une chance, même minime, de trouver des solutions. Imaginez un instant ce que serait un chirurgien qui refuserait catégoriquement de voir la moindre goutte de sang?
L'impact de l'homme sur la nature est tel, que nous sommes entrés dans une nouvelle époque géologique. Anthropocène, l'âge de l'homme! Voici l'époque géologique dans laquelle nous sommes entrés à l'aube du 19 ème siècle et qui a succédé à l'holocène, époque géologique dans laquelle l'humanité se trouvait depuis 11700 ans, fin de la dernière période glacière.
Changer d'époque géologique n'est pas une chose anodine, surtout quand cette dernière n'est pas due à une crise environnementale, mais à une révolution géologique d'origine humaine.
Depuis le début de l'industrialisation, nous avons rejeter dans la basse atmosphère, rien de moins que 1400 milliards de tonnes de CO2, qui se trouvent être la source de notre problème majeur et présent. Si l'on résume l'histoire de la planète à 24 heures, l'homme est apparu les cinq dernières secondes et l'anthropocène les deux derniers millièmes de seconde.
A l'échelle de la planète, il aura fallu à l'homme, deux millièmes de seconde pour impacter l'ensemble de l'écologie terrestre, au point de la faire basculer dans une autre époque.
Le reportage ARTE L'Homme, destructeur de la Terre, nous retrace l'histoire des hommes, ces 2 derniers siècles, à l'origine de l'Anthropocène. Il est intéressant de constater qu'il n'aura fallu que quelques hommes pour orienter et marquer à jamais la planète et l'ensemble de l'humanité. Mais ce qui est encore plus intéressant, c'est de constater quelles ont été les motivations de ces hommes! Altruisme, paix, bien-être de l'humanité? Non! Pensez-vous, c'est précisément tout le contraire! Avidité, avarice, orgueil, envie, colère, luxure, voici entre autre, ce qui a motivé les hommes à l'origine de notre monde moderne, autant dire quasi l'ensemble des péchés capitaux. A l'aube du 20 ème siècle, les puissances européennes possèdent 85% de la surface habitable, l'homme blanc s'octroie le droit d'exploiter pour son profit, l'ensemble des ressources de la planète. La quasi totalité de nos technologies modernes, sont issues de recherches motivées par le besoin de possession, de domination, d'accumulation de pouvoir et de richesse d'une poignée d'hommes. Il est intéressant de voir que dans les années 50 en Floride, l’énergie électrique solaire a été évincée par les fournisseurs électriques (centrale à charbon) et les grandes entreprises d'équipements électriques, que les transports en commun aux Etats Unis ont été volontairement évincés par les lobbyistes du pétrole, de l'automobile et des banques. Une voiture à crédit pour tous, leur était bien plus profitable, qu'importe les dégâts sur l'environnement que ces millions de voitures pourraient bien causer.
Mais alors, pourquoi l'homme agit-il ainsi au point de se mettre en danger de mort, alors qu'il est doué de conscience?
Le docteur en neurosciences Sébastian Bohler nous offre une réponse dans son livre "Le bug humain", en nous expliquant que l'être humain répond depuis des millénaires aux injonctions de son Striatum. Ce Striatum, situé à la base centrale de notre cerveau, a pour fonction d'assurer notre survie, et pour ce faire, fait naître en nous l'incitation à l'action, comprenez, le désir. Pour s'assurer de notre bonne volonté à lui obéir, le Striatum possède une arme redoutable, le plaisir. C'est ainsi que le Striatum devient le moteur de nos actions, actions qu'il va récompenser par la production de dopamine, l'hormone du plaisir.
Notre cerveau, via se Striatum, va donc littéralement nous récompenser lorsque nous aurons mener à bien certaines actions, mais pas n'importe lesquelles, celles qui auront assurées notre survie! Le docteur Bohler les cite au nombre de 5: se nourrir, se reproduire, explorer, conquérir, dominer. Le plaisir, voilà ce qui est au cœur de toutes nos actions, ce qui nous motive. Il est en effet aisé de comprendre que si l'acte sexuel ne procurait aucun plaisir, nous n'existerions tout simplement pas. Sans désir du partenaire sexuel, sans plaisir dans l'acte, l'espèce humaine se serait éteinte.
Nous vous invitons à lire son livre tout simplement passionnant, rempli d'exemples frappants et de détails précis sur la corrélation entre Striatum et survie tout au long de l'histoire de l'humanité. Ce que nous devons retenir, c'est que ce Striatum a un défaut, il n'a pas de fonction stop, il ne sait pas se rationner et en veut toujours plus. Ce fonctionnement était utile à une époque ou la sélection naturelle demandait d'être fort et actif pour sa survie comme celle de son groupe, quand le simple fait de se nourrir demandait un effort considérable. Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas! Nous trouvons, grâce à l'évolution technologique, tout à profusion et de façon instantanée. C'est une véritable frénésie du plaisir qui se déchaîne alors et que tout une société utilise (publicité et système d'incitation aux plaisirs de toutes sortes...) pour produire toujours plus. Plus de statut social, plus de richesse, plus de sexe, plus de nourriture, plus de possession, plus de pouvoir, et tout ça, avec aux commandes, un Striatum qui est dépourvu de raison et de limite. Résultat, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, les obèses ont dépassés les mal-nutris, les écarts sociaux battent des records, les vidéos pornos règnent en maître incontesté sur le net au point de produire autant de gaz à effet de serre, via le fonctionnement des serveurs, que le tiers du trafique aérien mondial. Mais comme vous avez pu le lire précédemment, si le Striatum n'a pas de limite, notre planète si!
Il est temps de prendre conscience des enjeux, car notre Striatum qui a assuré notre survie jusqu'ici, risque bien aujourd'hui, si nous lui laissons les commandes, d'être responsable de notre extinction.
Il nous faut gérer nos appétits, il nous faut gérer nos désirs, nos plaisirs! Nous devons, pour se faire, mettre l’éthique, la morale, l'entraide, le partage, le bon sens, au cœur de nos sociétés. Nous n'avons pas tous les droits en ce monde, nous ne sommes pas les seuls vivants en ce monde, nous sommes, de part le statut de dominateur du vivant que nous nous sommes octroyé, responsables du bien-être de ce monde, de sa protection, car nous dépendons de ce monde.
Il nous faut faire acte d'humilité face à une nature qui n'a rien à nous envier et que nous avons tout intérêt à respecter.
Il nous faut reconnaître que tous ce que nous sommes, tous ce que nous savons, nous le devons à cette nature qui a tant d'avance sur nous!
Il nous faut reconnaître que nous sommes en réalité le maillon faible de la longue chaîne des vivants, chaîne qui existe depuis des millions d'années et que nous mettons sous une tension qui lui est insupportable!